Pourquoi la fraude aux examens augmente-t-elle soudainement

Publié le par luange66

http://www.lexpress.fr/actualites/1/styles/fraudes-aux-examens-l-education-nationale-accentue-la-lutte_1000780.html

La fraude aux examens a remplacé l’affaire DSK à la Une des journaux. Les problèmes avérés sont amplifiés par la multiplication des rumeurs : tout le monde a entendu des histoires telles que « une amie de ma fille s’est vue proposer tous les sujets du bac S, à 500 euros le sujet ». La fraude a toujours existé, bien sûr. Mais son écho médiatique en ce printemps est considérable, traduisant peut-être une amplification du phénomène. Il est intéressant de revenir sur les deux affaires intervenues ces dernières semaines, au BTS et au bac.

Qui surveille les épreuves ?

Au mois de mai, une épreuve du BTS « négociation et relation client » (NRC) a donné lieu à des fraudes massives : candidats communiquant entre eux, usurpation d’identité, documents sur les tables. Il a même été question de surveillants payés pour fermer les yeux. Les enseignants correcteurs, dès qu’ils ont été avertis par des candidats de cet état de fait, ont protesté auprès du Service interacadémique des examens et concours et demandé que l’épreuve soit annulée. L’administration s’y est refusée pendant un mois, arguant du manque de preuve matérielle et de l’absence de procès-verbal d’incident dressé par les surveillants. Il a fallu que les correcteurs menacent de mettre 20 / 20 à tous les candidats pour qu’une enquête administrative vienne confirmer la fraude et que l’épreuve soit annulée et remplacée (l’épreuve de remplacement a d’ailleurs donné lieu à de sérieux incidents). Comment une telle chose est-elle possible ?

Bien entendu, des personnes habituées à évoluer dans une économie parallèle dans laquelle auront peut-être davantage la tentation d’adopter un comportement d’innovateur (au sens de Merton). Souvenir personnel : à l’époque où j’enseignais en ZEP, des élèves de mon lycée ont été arrêtés pour avoir organisé un trafic reposant sur l’usurpation d’identité (les « grands frères » étudiant en licence venaient passer l’oral de rattrapage du bac, éventuellement contre paiement, à la place de candidats faibles. « De toute façon, disaient-ils, pour eux, on a tous la même tête »).

Mais, si la fraude lors du BTS devient massive, c’est que le BTS NRC, dans un souci de rationalisation financière, a été organisé dans une sorte de hangar abritant plus de 600 candidats et surveillé par des personnels temporaires embauchés par l’intermédiaire d’une société d’intérim (l’Expresso). Comme ce n’est pas la première fois, certains candidats connaissaient les possibilités de fraude nées de cette situation.

Il est assez logique que la faible qualité des conditions de passage des diplômes entraîne une médiocre fiabilité de ces diplômes et une détérioration de leur réputation. Sous-traiter les tâches d’organisation ou de surveillance des épreuves n’est pas forcément un crime, mais il faut s’assurer de la qualité des prestataires et sélectionner des entreprises de qualité plutôt que le moins-disant. La RGPP a aussi ses limites.

Arnaud Parienty: Alternatives economiques

Suite et fin ICI

Publié dans infos diverses

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A
<br /> Je fais partie de ceux qui pense que l'obtention malhonnête d'un diplôme, ne rend pas celui qui a triché plus performant. Le véritable diplôme, c'est le service rendu dans l'entreprise.<br /> <br /> <br />
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